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Retour à Brideshead

Je l'ai toujours connu dans la bibliothèque – celle de mes parents d'abord, la mienne ensuite -–, livre club pour bon père de famille dont le luxe pantouflard m'horripilait jadis, et que maintenant j'apprécie…
Je ne l'avais littéralement jamais ouvert! Mieux vaut tard que jamais: c'est un très grand livre.
Roman d'apprentissage émaillé de scènes hilarantes, mais le plus souvent saturé d'une intense mélancolie, jeu de massacre familial, galerie de portraits inoubliables, examen de conscience du catholicisme anglais, méditation sur l'art, sur l'amitié, sur l'amour, Retour à Brideshead est tout cela, et bien d'autres choses encore. Mais ce n'est pas un de ces chefs-d'œuvre « ronds et bouclés », dont parle quelque part, je crois, André Maurois – au contraire : c’est un livre en zig-zag, mal coiffé, empli de sautes d’humeur, où le très grand style cohabite avec une certaine désinvolture narrative, un peu comme si un « hussard » à la mode anglaise s’était emparé de l’héritage proustien.
C’est un livre qu’on aime aussi pour ses défauts.