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la petite fille à la hache

« Personne n’a peur des gens qui sourient ». Gloria découvre cette astuce alors qu’elle a porté toute sa vie sa cargaison de colère et de rage. Le sourire est ici un masque, un artifice qui cache la face sombre d’une femme qui porte toujours en elle « la petite fille à la hache » dont elle n’a jamais pu se libérer. Véronique Ovaldé explore la représentation de l’intime, de l’idée de réalité et dessine la vie d’une femme, d’une mère, en proie à ses empêchements. Son sens aigu de l’observation et du détail sont parfois proches du cliché comme si elle jouait avec toutes les images qui forment le kaléidoscope de notre époque et de nos vies ordinaires et excelle dans les métaphores qui amènent un léger sourire.

Que fuit Gloria avec ses filles sous le bras ? Qu’est-ce qui l’amène dans la maison de son enfance où se balade le fantôme de sa grand-mère ? Le suspense tient la route mais là où Véronique Ovaldé excelle particulièrement, c’est dans la description de l’enfance, de cette fragilité, de ce temps suspendu.

 

« A ses tempes, sous la peau aussi fine et transparente que du papier-calque, elle voyait pulser sa vie à une vitesse qui lui évoquait le cœur d’un rouge-gorge. Elle avait tenu un rouge-gorge dans sa main quand elle était enfant et il lui en était resté une impression douloureuse, enchantée, il n’y avait presque rien au creux de sa paume, rien d’autre que quelques os aussi fins que des arêtes, aussi mouvants que s’ils n’avaient été attachés à aucune chair, incroyablement vulnérables, mais tout cela était contredit par cette pulsation obstinée, effrénée, qui lui avait fait peur. »

 

Un roman entraînant où Véronique Ovaldé offre, cette fois encore, une voie de sortie à son personnage emprisonné dans son passé, avec fantômes, regrets, remords. Un Beretta, une colère trop longtemps contenue et ça va faire du dégât ! Attention, il y a des femmes qui prennent vite goût à faire le ménage …Et au Bibliogîte, nous sommes plutôt souriants ! Espérons que ça ne cache rien.