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La sorcière de Brodway

Opportunément réédité par L'Éveilleur, l'insolite Brûle, sorcière, brûle n'a pas pris une ride, bien au contraire! Merritt s'affranchit avec bonheur des décors standards du roman de sorcellerie (bayous maudits et brumeuses banlieues de Salem) pour camper ses personnages en plein Broadway, à son époque, les années trente. Un médecin, rationaliste indécrottable, s'allie à un superstitieux parrain de la mafia pour mettre hors d'état de nuire une faiseuse de poupées diaboliques, Mrs Mandilip. Par son habileté narrative, sa maîtrise des codes du thriller naissant, sa manière d'ancrer le fantastique dans le quotidien, ses fulgurance poétiques réservées à quelques scènes-clés qui marquent profondément le lecteur, Merritt donne une oeuvre tout à fait remarquable, supérieure, à mon humble avis, aux récits de fantaisie qui ont fait sa (modeste) gloire. Il annonce Robert Bloch et le meilleur Stephen King.